Avec ses formidables capacités opérationnelles et
ses défis décisionnels inédits, le monde contemporain
représente sans doute un moment unique dans l’histoire
de l’humanité, une mutation dont les manifestations
peuvent être repérées dans un grand nombre de
domaines, de la politique où les collectivités sont
en quête de bien commun jusqu’à la santé
où les individus sont en quête de bien-être,
en passant par l’éducation, l’économie,
la religion et les arts. Mais dans la diversité même
de ces terrains qui mettent en cause le sujet, la planète,
l’histoire et le pouvoir, sourdent partout des questions concernant
les enjeux de l’humain : le légitime comme
fondement de l’autorité, le croyable comme
condition du rapport à l’Autre, le véritable
concernant le statut des discours, le souhaitable évoquant
un au-delà possible du recevable.
Le collectif projeté entend porter le débat à
ce niveau, en ouvrant les questions là même où
elles ne sont généralement pas posées. Peut-on
éviter, par exemple, que la représentation toujours
conjoncturelle d’une société intégrée
et humanisante serve d’étalon pour juger ce qui s’en
éloigne ? Comment gérer la perte de l’Autre
? Que devient le symbolique ? Sommes-nous témoins d’une
fin de cycle qui nécessiterait de nouveaux mythes pour repenser
la civilisation ? Comment envisager le tragique d’une destruction
de l’humanité désormais pensable et vraisemblable
? Ce que la mondialisation force à vivre n’est-il pas
comparable à l’expérience de la castration ?
Comment en recueillir les effets ?
Se donner des outils adéquats pour penser la mutation de
civilisation qui accompagne la mondialisation suppose sans doute
de préciser les concepts pour la penser ? ceux de globalisation
et de mondialisation notamment. Il s’agira alors
de saisir tant les jeux de pouvoir qui l’accompagnent que
les impondérables qui en déterminent les conditions,
tels le réchauffement climatique, l’épuisement
des énergies fossiles, la démographie, etc. Cela ne
peut sans doute se faire en négligeant le rôle de la
finance et des médias. Mais cela implique aussi d’interroger
l’éducation ? notamment à travers les modes
d’accès à l’information ?, la gestion
des corps, la représentation des genres, le contrôle
de la sexualité...
Bref, il s’agira de poser la question du réel sous-tendue
par le tragique contemporain. Que signifie penser l’humain
à ce moment-ci de l’humanité ?