Le
Centre de traitement psychanalytique pour jeunes adultes
psychotiques de Québec, dit le 388
Il
faut faire la part de ce qui est rumeur psychiatrique,
de ce qui est de l’opposition aveugle, et de
ce qui est de l’ordre de la critique constructive
et des faits vérifiables concernant le 388,
ce Centre de traitement psychanalytique pour jeunes
adultes psychotiques, que nous avons créé
et que nous dirigeons depuis vingt-deux ans. Ce qui
se lit dans certains textes publiés ici pour
ce débat, laisse rêveur en ce qui concerne
le souci d’information vérifiable chez
certains chercheurs, intellectuels, voire enseignants
d’université, qui se veulent tous bien
sûr des scientifiques. Dans certains milieux
quand on est entre pairs, sans aucun souci de multidisciplinarité
véritable, on dirait qu’il est de bon
ton de parler de tout et de tous sans qu’il
soit nécessaire de ne rien savoir de ce dont
on parle. Il ne s’agit pas d’abord de
faussetés ni de mensonges, même s’ils
sont aussi présents, c’est un certain
style, une certaine manière de penser et de
faire; une fois qu’un certain consensus est
établi sur l’identité de l’ennemi
commun, tous les coups sont permis. Pour certains,
la psychanalyse, toutes problématiques d’École
confondues, ce serait l’axe du mal dans la psychiatrie.
C’est d’autant plus intéressant
d’un point de vue épistémologique,
quand de tels milieux se posent en défenseurs
de la science, de l’éthique, de la vertu,
de la veuve et de l’orphelin.
Quelques faits vérifiables pour qui
veut bien s’en donner la peine
La clientèle du 388
Au
7 octobre 2004, le Centre avait en traitement intensif
88 patients, dont 67 % ont un diagnostic antérieur
de schizophrénie, 28,4 % d’autres psychoses
et maladie affective bipolaire avec sévérité
psychotique, 2,3 % de personnalité borderline
avec troubles d’adaptation sévères
et enfin 2,3 % de névrose sévère
avec troubles d’adaptation. Il s’agit
donc en résumé de 95.4 % de patients
avec un diagnostic de troubles mentaux sévères
et persistants au moment où ils consultent
au Centre pour la première fois.
La
moyenne d’âge de la clientèle actuelle
à l’arrivée au Centre était
alors de 27 ans. Ces patients habitent dans la grande
région de Québec, ou s’ils viennent
d’ailleurs dans la province, y prennent un appartement
pour être traités au Centre. Le nombre
moyen d’hospitalisations antérieures
par patient est de 3,4. Ces patients ont fait un choix
pour un traitement psychanalytique, en faisant eux-mêmes
la démarche pour être reçus en
évaluation au comité d’admission.
La majorité d’entre eux disent avoir
consulté au Centre parce que les traitements
antérieurs n’ont pas amélioré
leur condition. Ces traitements sont les traitements
classiques donnés dans tous les hôpitaux
psychiatriques en Amérique du Nord, assurés
avec compétence dans les services publics du
système québécois de Santé.
Il est généralement reconnu que le système
de Santé québécois figure parmi
les meilleurs. Le 388, comme Centre de traitement
psychanalytique, fait partie de ce système
de Santé public depuis 22 ans, même si
sa gestion était opérée par un
organisme privé sans but lucratif.
Les
services offerts au 388
Dès son admission au Centre, chaque patient
est suivi par une équipe formée de lui-même,
de son intervenant clinique responsable, du travailleur
social et d’un psychiatre agissant comme médecin
responsable de l’équipe de traitement.
Un plan de traitement et d’intervention est
alors mis en œuvre par l’équipe
avec sa collaboration. Ce plan sera réévalué
aux six mois avec lui, en tenant compte de l’atteinte
des objectifs souhaités dans l’évolution
de son traitement. Il commencera une cure psychanalytique
dès qu’il y sera prêt, avec un
analyste qui ne sera jamais son psychiatre. Des programmes
d’ateliers d’art, dirigés par des
artistes de la ville de Québec lui sont offerts
au Centre, en musique, céramique, art dramatique,
arts visuels, et écriture. Sept lits de traitement
de la crise sont disponibles au Centre pour lui permettre
un traitement de la crise dans un contexte de vie
urbaine normale plutôt qu’à l’hôpital,
auquel on n’aura recours qu’en cas de
nécessité et sur une décision
médicale de son psychiatre.
Ces
services sont offerts à tous les patients 24
heures par jour et 365 jours dans l’année.
Il s’en suit donc un support direct aux familles
dans le cadre de ce suivi intensif. Elles sont rencontrées
par l’ethnoanalyste du Centre chargé
d’établir l’histoire, la structure
et la ynamique familiales pour l’équipe
de traitement, avec les membres de la famille désignés
par l’usager lui-même, et qui acceptent
de collaborer à son traitement. Par ailleurs
dans les moments stratégiques du traite
ment entraînant des difficultés spécifiques
entre le patient et ses parents ou des membres de
la famille, ceux-ci seront rencontrés par le
travailleur social ou dans certains cas par le psychiatre
du patient. Les parents des patients du Centre forment
une association, dont le comité directeur se
réunit régulièrement au Gifric
pour échanger et travailler avec les analystes
qui ont créé et développé
le traitement.