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Débat


 


Qui a peur de la psychanalyse?
Willy Apollon

Comment penser une évaluation d'un traitement psychanalytique des psychoses
Lucie Cantin

 

Qui a peur de la psychanalyse?

Willy Apollon
Santé mentale au Québec (2005), vol. 30, n° 1 : 165-182.

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Les résultats du traitement au 388 au 30 octobre 2004

Au 30 octobre 2004, les données de l’observatoire clinique du Gifric sur le traitement au 388 permettaient un certain nombre de constats:

1.- Une diminution très importante des hospitalisations de nos patients au cours de l’évolution du traitement: 89 %

2.- Une diminution significative de la médication à mesure de l’évolution du traitement: 49 %

3.- Un pourcentage important de réinsertions sociales effectives de nos patients: 60 % (dont 45 % représentent des patients avec un salaire qui les rend à même de payer des impôts et d’être des citoyens actifs et autonomes)

4.- Un très haut taux de satisfaction des patients et des familles, qui se trouvent soulagés et étonnés de voir leurs enfants «atteindre un niveau de rétablissement dont ils avaient cessé de rêver».

5.- En mai 2002 un comité d’experts évaluateurs désignés par le ministère de la Santé et des Services sociaux avait pu déjà vérifier ces résultats auprès des patients, des familles et des collaborateurs, organismes et professionnels qui en ville sont en contact constant avec nos patients. Une telle expertise avait été commandée par le ministère, suite à une campagne de critiques et d’attaques contre la psychanalyse comme mode de traitement des psychoses, semblables à celles que l’on retrouve ici même dans ce numéro contre le traitement au 388 et les promoteurs du traitement. Le but visé par des psychiatres et certaines administrations par cette demande d’évaluation était de justifier la fermeture pure et simple du Centre décidée par l’administration de l’hôpital psychiatrique.

Lors de la décision ministérielle d’évaluer le 388, le ministère avait statué que tous les services de la région seraient évalués selon les mêmes critères. Suite aux résultats de l’évaluation du 388, il ne fut plus question d’évaluer les autres services. Nous aurions aimé pourtant pouvoir apprécier évidemment les performances de nos détracteurs en regard de l’évolution psychosociale des patients traités dans leurs services, de leur réintégration sociale effective, de leur satisfaction de leur traitement et de la satisfaction des familles de ces patients. De telles évaluations auraient pu permettre un vrai débat et nous aider sans doute à améliorer d’autant nos propres approches et méthodes. Nous supposons qu’aux États-Unis ou en Suisse ou ailleurs de telles évaluations ont pu être effectuées dans les services de ceux qui nous critiquent avec tant de force et de conviction, et qu’elles seront rendues publiques pour le bénéfice des patients. L’avenir de la psychiatrie ne pourra qu’en bénéficier.

L’observatoire clinique du Gifric

Dès 1984, un an et demi après la création du Centre, nous avons mis en place avec les collègues du Gifric «l’Observatoire clinique». Dès le départ, puisque nous étions dans un processus de création, inventant un nouveau traitement, il nous fallait mettre en place les moyens de contrôle, de vérification et d’évaluation de toutes nos activités cliniques, en fonction d’une évaluation constante de l’évolution effective du traitement de chaque patient. Ainsi l’Observatoire fut conçu comme une base de données couvrant toutes les activités cliniques de tous les intervenants au Centre à l’exception du contenu des séances de psychanalyse des patients. Ces activités de traitement concernant le suivi à long terme, le traitement psychiatrique, la médication, les hospi talisations, le traitement de la crise et toutes les activités des ateliers d’art et les activités socioculturelles, font l’objet de saisie de données individuelles quotidiennement. Les données de l’Observatoire permettent au Gifric d’effectuer les études d’évolution psychosociale des patients, le contrôle et l’évaluation des activités de traitement, les études de cas complexes, les comparaisons d’évolution de cas selon le sexe, l’âge, le diagnostic, etc. La structuration de ces données obéit à des hypothèses psychanalytiques sur l’expérience psychotique et à une conception psychanalytique du traitement des psychoses. Une section spécifique de l’Observatoire contient les données pertinentes recueillies lors des entrevues avec les parents des patients, sur les structures et les dynamiques familiales, jusqu’à trois générations. La structuration de ces données sur les familles a été préalablement préparée par une étude portant sur cinq cent familles québécoises ayant répondu à un questionnaire de 132 questions, couvrant sur dix paramètres les principales hypothèses psychanalytiques en jeu dans nos stratégies de support et d’intervention auprès des familles.

L’équipe de l’Observatoire clinique au Gifric, comprend deux analystes, un anthropologue, un ethnoanalyste, un psychologue et un mathématicien, sous la direction de Willy Apollon. Et l’Observatoire est structuré de façon à rendre possible et à soutenir l’analyse de l’évolution des traitements dans la logique du traitement psychanalytique tel que développé au Gifric, et d’y évaluer les progrès et difficultés observables dans l’évolution psychosociale des patients. Il permet ainsi périodiquement, quatre fois dans l’année, aux dirigeants et aux intervenants du Centre d’évaluer leur travail d’équipe et les difficultés qu’ils y rencontrent à partir de données objectives permettant des observations et des études rigoureuses.

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Groupe interdisciplinaire freudien de recherche et d'intervention clinique et culturelle

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