Ce
dernier sera réévalué un an plus tard. Son psychiatre
étant en congé, il a demandé à rencontrer le psychiatre
remplaçant et il raconte longuement ses réflexions sur
ses difficultés dans ses relations au travail, dans sa
vie privée. Il fait naturellement des liens entre ses
difficultés actuelles et ses crises antérieures abordées
avec lucidité, non comme on parle d’une maladie qu’on
a mais de l’histoire de sa vie. Le psychiatre l’écoute
avec d’autant de fascination qu’il se rappelle son peu
d’autocritique, il y a un an à peine. Puis voilà qu’il
demande de diminuer sa médication. Il y tient beaucoup.
La question de la médication est usuelle dans les rapports
des psychiatres avec leurs patients. Dans cette situation
particulière ce qui retient l’attention du psychiatre
c’est que cet usager a posé les arguments d’une telle
demande, demande à laquelle on ne peut répondre à partir
de la seule autorité du médecin sur son malade.
Au
"388", la plupart des usagers ont un travail ou des études
en cours. Autant d’éléments à prendre en compte. De toute
façon, ceux-ci l’abordent nécessairement, peu importe
le contexte d’évaluation. L’implication sociale est une
question primordiale et c’est une raison pour laquelle
les usagers du "388" font parfois preuve d’une solide
confiance en eux. Lorsqu’il est questionné, le psychiatre
doit apporter une réponse qui ait un sens dans la logique
de leur traitement, de leur évolution et en cohérence
avec l’environnement social.
Le
psychotique en cure analytique au "388" a engagé un processus
de parole repérable dans son rapport avec le psychiatre
"extérieur". Il parle des manifestations de sa psychose
non comme d’une rupture traumatisante provenant de la
réalité extérieure, mais comme une expérience personnelle,
sensée et communicable, liée à des représentations sociales
et culturelles, à ses aspirations personnelles». (Dr Andrée
Cardinal)