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Comment
penser une évaluation
d'un traitement psychanalytique des psychoses
L’évaluation d’un traitement psychique et
de ses résultats, si elle se veut rigoureuse,
est impossible sans l’accès à la parole et
à l’expérience du sujet qui est au cœur de
ce traitement. À moins bien sûr que le trouble
psychique soit ramené à un dysfonctionnement
biologique quelconque qui a pour conséquences
d’altérer les fonctions du cerveau, telles
que la perception, la mémoire, l’attention,
le jugement. Hormis l’absence d’hypothèses
valables et vérifiées à cet égard, du moins
par les scientifiques reconnus, le problème
actuel est double. D’abord, aucune des découvertes
supposées quant à l’origine de la schizophrénie
n’est spécifique à cette maladie, l’hypothèse
soutenue se vérifiant la plupart du temps
dans plusieurs autres troubles psychiques
(troubles de l’humeur, dépression, etc.).
Ensuite, et c’est là un problème d’éthique
grave, sinon de malhonnêteté intellectuelle,
on fait comme si on connaissait une cause
scientifique à la schizophrénie et sur la
base d’une telle imposture, on oriente complètement
son traitement en le réduisant à une psychopharmacologie
de plus en plus sophistiquée, promue par les
compagnies pharmaceutiques qui financent par
ailleurs les travaux de ces chercheurs qui
régulièrement depuis dix ans annoncent pour
bientôt la découverte du gène en cause dans
la schizophrénie ou d’un quelconque traitement
miracle. Les jeunes psychotiques eux, pendant
ce temps, voient le couperet tomber avec cette
annonce qu’on leur fait qu’ils sont atteints
d’une maladie incurable dont on leur explique
la cause neurochimique en les condamnant à
prendre pour le reste de leur vie une médication
dont ils ressentent les effets secondaires
débilitants. Ils voient leurs projets de vie
s’effondrer, d’autant qu’on les prévient qu’ils
devront désormais éviter toute situation de
stress.
Dans
le domaine des traitements psychiques, les
évaluations dites scientifiques sur la base
de l’examen de caractéristiques observables
et mesurables par un tiers objectif ont une
méthodologie déterminée en fait par un choix
théorique ou idéologique précis, soit une
conception biologique de la psychose et une
approche neuroscientifique des facultés de
l’esprit humain. La psychanalyse ne peut reculer
ni devant la psychose, ni devant l’exigence
de faire état de ses résultats et des conditions
qui les ont rendus possibles. À cet égard,
dans le traitement des psychoses, elle fait
face à des obligations d’efficacité qu’elle
est la seule à rencontrer sur un terrain par
ailleurs défini et occupé par la psychiatrie
biologique et les neurosciences. Mais plus
fondamentalement, à l’intérieur du champ propre
qui est le sien où elle travaille avec le
sujet de l’Inconscient, la psychanalyse doit
relever le défi de rendre compte de la logique
interne du processus analytique et du lien
qui articule ce processus aux résultats qu’il
engendre, avec une rigueur qui n’a rien à
envier à celle de la science.
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